Incantatrix tropical: bruxaria e resistência feminina no Brasil colonial

Abstract

Dans ce travail, dans la perspective de l'histoire des femmes et des relations de genre, nous avons cherché à comprendre les discours et les pratiques des femmes, ainsi que l'imaginaire produit sur le féminin pendant la période coloniale brésilienne, à travers l'analyse du phénomène de la sorcellerie et de sa persécution par le tribunal de la Sainte Inquisition. Avec en toile de fond les crises et les transformations profondes et irréversibles de la Modernité, la construction du stéréotype de la sorcellerie diabolique et les persécutions qui en découlent ont marqué le parcours des femmes. L'intolérance à leur égard était directement proportionnelle à la déstructuration du féodalisme et de l'unité religieuse catholique, avec la Réforme Protestante; suivie par l'expansion du capitalisme mercantiliste, la construction du système colonial, le renforcement des monarchies absolutistes modernes et la réorganisation structurelle de l'Église, à travers la Contre-Réforme. Ainsi, entre le 15e siècle et le milieu du 18e siècle, ces événements se sont déroulés en même temps que des feux de joie étaient allumés pour les femmes considérées comme des sorcières diaboliques dans toute l'Europe. Cette répression systématique du féminin n'avait jamais eu lieu auparavant, et l'on peut considérer que la persécution des femmes était fondamentalement une persécution des savoirs et coutumes traditionnels des classes populaires. L'histoire des femmes en tant que résistantes émerge en démontrant leurs pouvoirs cachés et diffus. L'histoire de la sorcellerie et de la persécution des sorcières dans le Brésil colonial, qui pourrait être racontée à travers les sources analysées ici, est une histoire de conflits, de marginalisation et de criminalisation de la culture populaire, de misogynie et de tentative de "former" les femmes aux normes et aux intérêts des classes dominantes, mais c'est aussi l'histoire de la formation d'un peuple, de l'interrelation entre les différentes cultures et ethnies, de leur religiosité syncrétique, de leurs connaissances ancestrales et des femmes, des femmes communes, construisant quotidiennement des stratégies de résistance et de subversion aux mécanismes d'oppression de genre, de classe et de race, aggravés dans cette société coloniale, marquée par l'exploitation de la terre ainsi que par l'esclavage et le génocide des peuples indigènes et des Africains. L'étude de la sorcellerie et des pratiques magiques, de leurs usages et de la répression qu'elles ont subie, recèle en soi un grand potentiel d'éclairage sur l'histoire de la vie quotidienne et de la religiosité coloniale, mais surtout sur l'histoire des femmes et de leurs pouvoirs souterrains. En ce sens, l'objet d'étude de ce travail était les femmes et l'utilisation qu'elles faisaient des pratiques magiques et de la sorcellerie dans leurs stratégies quotidiennes pour résister aux tentatives constantes de domination des institutions de pouvoir masculines, ainsi que, à travers celles-ci, survivre, en construisant des espaces, même si limités et temporaires, de liberté, d'autonomie et de solidarité entre elles, dans le contexte de la période coloniale au Brésil.